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SUR LA PHILOSOPHIE


présupposer aux productions de la nature une forme possible d’après des lois universelles susceptibles d’être connues par nous ; car si nous ne pouvions pas faire cette supposition, et que notre manière de traiter les représentations empiriques n’eût point ce principe pour base, toute notre réflexion serait faite à l’aventure et aveuglément, par conséquent sans attente fondée de l’accord de cette réflexion avec la nature.

Par rapport aux notions physiques universelles, parmi lesquelles une notion expérimentale en général (sans détermination empirique particulière) est d’abord possible, la réflexion a déjà son indication dans la notion d’une nature en général, c’est-à-dire dans l’entendement ; et le jugement ne requiert aucun principe spécial de la réflexion ; il la schématise au contraire a priori, et en applique les schèmes à toute synthèse empirique, sans laquelle il n’y a point de jugement expérimental possible. La faculté de juger est ici en même temps déterminante dans sa réflexion même, et son schématisme transcendantal lui sert aussi d’une règle sous laquelle elle subsume les intuitions empiriques données.

Mais pour les notions qui doivent servir tout d’abord à des intuitions empiriques données, et qui présupposent une loi physique particulière d’après laquelle seulement une expérience particulière est possible, le jugement a besoin pour sa réflexion d’un principe propre, et en quelque façon transcendantal, et l’on ne peut pas le renvoyer encore à des lois empiriques déjà connues, et convertir la réflexion en une simple com-