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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


intuitions sensibles (quel qu’en soit le contenu) unissent en une expérience dans l’espace et le temps suivant des règles qui président à l’enchaînement de toute connaissance, peut naître une apparence trompeuse ou une vérité, suivant que nous sommes inconsidérés ou prudents ; ce qui ne regarde que l’usage des représentations sensibles dans l’entendement, et point du tout leur origine. Pareillement, si je ne considère toutes les représentations des sens avec leur forme, l’espace et le temps, que comme des phénomènes, et ces phénomènes comme une simple forme de la sensibilité qui ne se rencontre point dans les objets en dehors de cette sensibilité même, et que je ne me serve de ces représentations que par rapport à une expérience possible, il n’y a pas alors la moindre occasion d’erreur, ou bien une apparence doit me porter à les considérer comme de simples phénomènes, car elles peuvent néanmoins s’enchaîner régulièrement en une expérience suivant des règles de la vérité. Ainsi toutes les propositions de la géométrie sur l’espace comme sur tous les objets des sens, par conséquent à l’égard de toute expérience possible sont valables, si je considère l’espace comme une simple forme de la sensibilité, ou comme quelque chose qui tient aux objets sensibles eux-mêmes, quoique dans le premier cas seulement je puisse comprendre la possibilité de savoir a priori ces propositions concernant tous les objets de l’intuition extérieure ; à part cela, pour ce qui est de toute expérience purement possible, c’est tout comme si je n’avais pas entrepris ce divorce avec l’opinion commune.