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POSSIBILITÉ DE LA PHYSIQUE PURE.


§ XVI.

Le mot nature prend encore une autre signification, celle qui détermine l’objet, tandis que, dans l’acception précédente, il n’indiquait que la légitimité des déterminations de l’existence des choses en général. La nature, matériellement considérée, est donc l’ensemble de tous les objets de l’expérience. Nous n’avons affaire qu’à celle-là, puisque autrement des choses qui ne peuvent jamais être des objets d’une expérience, si elles devaient être connues quant à leur nature, exigeraient de nous des notions dont le sens ne pourrait jamais être donné in concreto (dans un exemple quelconque d’une expérience possible). Nous sommes donc obligés de nous faire de cet ensemble de simples notions, de la réalité desquelles (c’est-à-dire si elles se rapportent réellement à des objets) nous ne pouvons absolument pas décider. Ce qui ne peut être un objet de l’expérience, et dont la connaissance serait hyperphysique, n’est point ici notre affaire ; nous n’avons à nous occuper que de la connaissance physique dont la réalité peut être confirmée par l’expérience, quoiqu’elle soit possible a priori, et antérieure à toute expérience.


§ XVII.

L’élément formel de la nature, entendue dans cette acception étroite, est donc la légitimité de tous les objets de l’expérience, et, en tant qu’elle est connue a priori, sa légitimité nécessaire. Mais nous avons prouvé