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POSSIBILITÉ DE LA PHYSIQUE PURE.


damment des représentations de l’intuition sensible, des notions particulières produites originairement dans l’entendement, qui donnent au jugement d’expérience sa valeur objective.

Tous nos jugements ne sont d’abord que de simples jugements de perception, valables uniquement pour nous seuls, c’est-à-dire pour notre sujet ; ce n’est, qu’ensuite que nous leur donnons un nouveau rapport, un rapport à l’objet, et que nous voulons qu’ils soient toujours valables pour nous, et même pour chacun. En effet si un jugement s’accorde avec un objet, tous les jugements sur cet objet doivent aussi s’accorder entre eux, et alors la valeur objective du jugement d’expérience n’en est que l’universalité nécessaire. Mais réciproquement, si nous trouvons une raison de regarder un jugement comme nécessairement universel (ce qui ne tient jamais à la perception, mais à la notion intellectuelle pure à laquelle est subsumée la perception), nous devons aussi le réputer objectif, c’est-à-dire qu’il n’exprime pas seulement un rapport de la perception au sujet, mais encore une propriété de l’objet ; car il n’y aurait pas de raison pour que des jugements d’autrui dussent nécessairement s’accorder avec le mien, sans l’unité de l’objet auquel ils se rapportent tous, avec lequel ils s’accordent ; ce qui fait qu’ils doivent aussi s’accorder tous entre eux.