Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/177

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1569. affaires fut interrompu ; les boyards, les gens de robe, se revêtirent d’habits de deuil, qui consistaient alors en pelisses de velours ou de damas, sans ornemens d’or. On célébrait dans toutes les villes des services funèbres ; on distribuait de riches aumônes aux pauvres, aux couvents, aux églises ; on faisait parade d’une feinte douleur qui cachait la consternation générale excitée par la tyrannie de Jean. Dix jours étaient à peine écoulés que déjà il donnait des audiences aux ambassadeurs des cours étrangères, dans le palais de Moscou ; mais il se hâta bientôt de retourner dans l’affreuse solitude d’Alexandrovsky, pour forger de nouvelles conspirations, pour inventer de nouveaux supplices. La mort de ses deux épouses, si différentes l’une de l’autre par les qualités de l’âme, produisit des résultats également funestes. Anastasie avait emporté dans la tombe les vertus de Jean IV ; Marie semblait lui avoir légué la faculté de se surpasser encore dans la carrière des cruautés. Il fit répandre le bruit que cette princesse avait, comme Anastasie, été empoisonnée par de secrets ennemis, voulant ainsi préparer l’Empire aux nouveaux transports de sa rage.

Quatrième époque des meurtres, et la plus terrible. Tandis qu’on avait fait périr les innocens, un vrai coupable vivait tranquille à la cour