Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/209

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1570. enfans de ce généreux guerrier ; il les fit mourir dans l’exil.

Mais la mort n’était plus aux yeux des victimes dévouées, qu’une peine légère qu’elles demandaient comme une grâce. Il est impossible de lire, sans frémir, dans les mémoires contemporains, le détail des infernales inventions de la tyrannie, la description de tous les moyens imaginés pour tourmenter les hommes. Outre les poëles ardens dont nous avons déjà fait mention (69), on construisit, pour la torture, des fourneaux d’une espèce particulière ; on fabriqua des tenailles, des griffes de fer, de longues aiguilles. On coupait aux malheureux patiens les membres, l’un après l’autre ; on les sciait, pour ainsi dire, en deux parties au moyen de cordeaux ; on les écorchait tout vifs ; on leur tailladait la peau du dos par longues tranches !… Et lorsqu’au milieu des horreurs du carnage, la Russie était comme pétrifiée par la terreur, le palais de Jean retentissait du bruit de joyeux festins. Ce prince s’y livrait au plaisir, entouré de ses satellites et d’histrions qu’on lui envoyait avec des ours de Novgorod et autres provinces. Il se servait de ces animaux pour la chasse aux hommes dans ses momens de fureur, ou comme simple divertissement. Quelquefois, apercevant