Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/210

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1570. près du palais une troupe de citoyens paisiblement rassemblés, il faisait lâcher deux ou trois ours et riait aux éclats de l’épouvante, des cris de cette multitude en fuite, poursuivie par les bêtes féroces, qui déchiraient quelques malheureux. Il est vrai que pour récompense ou dédommagement, il donnait à ceux qui restaient estropiés une petite pièce d’or (denga) et quelquefois davantage (70). Bouffons du Tzar. L’un des principaux amusemens du tzar était une nombreuse troupe de bouffons dont les fonctions étaient de le faire rire avant, et après les meurtres. Souvent ils payaient de leur vie un bon mot hasardé ! On distinguait parmi eux le prince Gvozdef, qui occupait un rang élevé à la cour. Un jour, mécontent d’une de ses plaisanteries, le tzar lui versa sur la tête une écuelle de soupe bouillante : le malheureux, poussant un cri de douleur, veut prendre la fuite ; mais Jean lui porte un coup de couteau, et Gvozdef, baigné dans son sang, tombe sans connaissance. On appelle sur-le-champ le docteur Arnolphe : Sauvez mon bon serviteur, lui dit le tzar ; j’ai plaisanté avec lui un peu trop rudement ! Si rudement, répondit Arnolphe, que Dieu seul et votre majesté pourraient le rendre à la vie. Il ne inspire plus ! Le tzar fit un geste de mépris, donna au mort