Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/223

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1570. formèrent le dessein de s’emparer de Dorpat pour le livrer ensuite à l’une de ces puissances. Ce projet leur paraissait de facile exécution, car ils pouvaient disposer des Allemands à la solde du tzar qui, ne le servant que pour la paye, n’hésitaient pas à le trahir. D’un autre côté, les habitans les plus considérables de Dorpat, ayant été long-temps prisonniers en Russie, détestaient, plus encore que les autres Livoniens, la domination moscovite : on pouvait donc supposer, de leur part, une coopération active dans l’entreprise projetée. Pleins de cette idée, les factieux pénètrent dans la ville de vive force ; ils égorgent les premières sentinelles, appellent leurs amis, leurs frères, criant que l’heure de la liberté et de la vengeance est enfin arrivée. Mais les habitans surpris restèrent tranquilles spectateurs de ce qui se passait, et, aucun d’eux ne s’étant rangé du côté des traîtres, en peu d’instans les Russes en vinrent à bout. Ils sabrèrent les uns, chassèrent les autres, et dans leur colère, accusant les citoyens de complicité, ils mirent à mort plusieurs innocens.

Taube et Kruse (85) se hâtèrent de prendre la fuite. Repoussés par les habitans de Revel qui ne voulaient ni les voir, ni les entendre, ils furent chercher un asyle dans les États de Pologne.