Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/224

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1570. Le roi, et plus particulièrement le duc de Courlande, firent un honorable accueil à ces insensés, dans l’espoir d’en tirer des secrets importans sur les affaires de Russie ; toutefois ils n’apprirent que le détail des horreurs enfantées par la tyrannie de Jean (86). Ces hommes qui, l’année précédente, avaient, dans leurs dépêches à l’empereur Maximilien, présenté Jean comme seul prince en état de chasser les Turcs d’Europe, ayant une armée innombrable, expérimentée, invincible (87), maintenant qu’ils avaient trahi la Russie, assuraient Maximilien, ainsi que plusieurs autres souverains, de la faiblesse de notre patrie et de la possibilité, sinon de la soumettre, au moins de l’affaiblir. Magnus, bien qu’étranger à ces odieuses intrigues, craignit d’en devenir la victime et d’éprouver les effets du courroux de Jean ; il se hâta donc de quitter Oberpalen et de s’en retourner à l’île d’Œsel.

Mais le tzar, inébranlable dans ses desseins, savait dissimuler son dépit, et supporter, avec une apparente tranquillité, les revers les plus graves. Il essayait de dissiper les inquiétudes de Magnus par de nouvelles protestations de bienveillance ; et, lui ayant annoncé avec chagrin la mort subite de la jeune Euphémie, sa fiancée, il lui proposa, aux mêmes conditions et avec la