Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/330

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1577. lui-même. Il donna donc, de sang froid, l’ordre de fustiger les deux envoyés de Magnus et lui fit dire de se rendre sans délai au camp des Russes. Saisi de terreur, et n’osant pas désobéir, Magnus vint se présenter à ce redoutable tribunal, accompagné de vingt-cinq Allemands de sa suite. En approchant du tzar, il descendit de cheval et tomba à ses pieds. Jean le releva, et, le regardant plutôt avec mépris qu’avec colère, il lui parla ainsi : « Insensé ! tu as donc eu l’audace de songer à te faire roi de Livonie ! toi, un vagabond, un mendiant que j’ai reçu dans ma famille ! que j’ai marié avec une nièce bien aimée ; que j’ai vêtu, chaussé ; à qui j’ai donné des richesses et des villes ! et tu m’as trahi, moi ton souverain, ton père, ton bienfaiteur ? Ose répondre ; combien de fois n’ai-je pas entendu parler de tes desseins odieux ? Cependant je ne voulais pas y ajouter foi et je gardais le silence. Maintenant tout est dévoilé. Tu as voulu envahir la Livonie par intrigues et par ruses pour te rendre esclave des Polonais ; mais, dans sa miséricorde, Dieu m’a sauvé et te livre entre mes mains. Sois donc victime de ta déloyauté : rends-moi ce qui m’appartient et retourne ramper dans le néant ! » Magnus fut, avec toute sa suite,