Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/332

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1577. position l’un d’entre eux s’écrie : « Mourons, puisque telle est la volonté du Très-Haut ; mais ne nous rendons pas au tyran, qui nous ferait périr au milieu de tourmens affreux. Faisons sauter le château ! » Cette courageuse proposition, accueillie d’une voix unanime, est approuvée même par les pasteurs qui se trouvaient avec les soldats. À l’instant on transporte la poudre sous les voûtes de l’antique habitation des grands maîtres. Ces malheureux, dévoués au trépas, reçoivent la sainte communion et se mettent à genoux, rangés par familles, les maris avec leurs femmes, les mères avec leurs enfans : ils adressent au ciel de ferventes prières, et à l’aspect des Russes qui se précipitaient sur la brèche, ils donnent le funeste signal ! Aussitôt un officier de Magnus, nommé Henri Boïsmann, lance une mèche enflammée sur le tas de poudre ! L’édifice sauta avec une épouvantable détonation. Tout périt, excepté Boïsmann, qui étourdi par l’explosion, mutilé, mais existant encore, fut trouvé parmi les ruines. Il expira quelques instans après et son cadavre fut empalé…… Une effroyable vengeance retomba également sur les paisibles et malheureux habitans de Venden. On les torturait, on les fustigeait, on les brûlait vifs : leurs femmes, leurs filles étaient déshono-