Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/344

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1577. moyen d’un instrument de torture. Ayant fait coudre l’archevêque dans une peau d’ours, on lâcha contre lui des chiens qui le mirent en pièces. Rien alors ne pouvait plus surprendre les Russes. La force de la tyrannie avait émoussé toute espèce de sentiment !…… On rapporte que Cornélius a écrit, pour la postérité, l’histoire de son temps, où il retrace les calamités de la patrie, les troubles, les divisions intestines, enfin l’anéantissement de la population par la barbarie de Jean, par la famine, la peste et les invasions étrangères.

En cette circonstance Kourbsky nous apprend encore la fin du vertueux archimandrite Théodorite, ex-religieux du monastère de Solovky. Il avait été l’ami de saint Alexandre Svirzky et de Porphyre, cet illustre vieillard proscrit par le père de Jean, pour la généreuse hardiesse avec laquelle il avait défendu l’infortuné prince Schémiakin. Un grand nombre de sauvages lapons avaient reçu le baptême des mains de Théodorite. Loin de s’effrayer d’immenses déserts de neiges, pénétrant au fond de leurs froides et ténébreuses forêts, il avait annoncé le Sauveur du monde sur les rives de la Touloma. Après avoir étudié la langue des habitans, il leur expliqua l’Évangile, inventa pour eux des caractères d’écriture, fonda un monastère à l’embouchure de