Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/348

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1577. Par respect pour le tzar, le duc fit demander plusieurs fois des nouvelles de cet envoyé par son propre ministre, qui l’entendait répéter sans cesse : ma santé n’est rien, pourvu que celle de notre souverain prospère. Le ministre étonné lui dit : comment pouvez-vous servir un tyran avec autant de zèle ? Exemple de fidelité. Nous autres Russes, répondit le prince Sougorsky, nous sommes toujours dévoués à nos tzars, bons ou cruels. Pour preuve de ce qu’il avançait le malade raconta que, quelque temps auparavant, Jean avait fait empaler un de ses hommes de marque pour une faute légère ; que cet infortuné avait vécu vingt-quatre heures, dans des tourmens affreux, s’entretenant avec sa femme et ses enfans et répétant sans cesse, grand Dieu, protège le tzar ! » C’est-à-dire que les Russes se faisaient gloire de ce que leur reprochaient les étrangers, d’un dévouement aveugle et sans bornes à la volonté du monarque, lors même que, dans ses écarts les plus insensés, il foulait aux pieds toutes les lois de la justice et de l’humanité.

Ce fut à cette époque que la licence effrénée de Jean étala un nouveau scandale, en transgressant d’une manière inouie les lois sacrées de l’Eglise. La tzarine Anne n’avait pas tardé à perdre