Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/463

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1582. expresse qu’ils ne disputeraient point avec les indigènes sur la religion. Toutefois le zélé jésuite voulait continuer la discussion entamée, prétendant prouver que les Russes étaient encore novices dans le christianisme, dont Rome était la métropole. Ces propos commençaient à exciter l’impatience du tzar, « Vous vous vantez de votre orthodoxie, dit-il, et vous vous rasez l’antique barbe ! Votre pape se fait porter sur un trône et donne à baiser sa mule, sur laquelle est représenté un crucifix ! Quel orgueil pour un pasteur du christianisme ! Quelle profanation des choses saintes ! — Il n’y a point là de profanation, reprit Antoine ; c’est justice rendue à qui en est digne. Le pape est le chef de la chrétienté, le maître des monarques orthodoxes, le compagnon de l’apôtre Pierre, qui est le compagnon de Jésus-Christ. Nous vous honorons aussi, seigneur, comme le descendant de Monomaque, et le Saint-Père…… » Le tzar l’interrompant alors lui dit : « Les chrétiens n’ont qu’un père qui est aux cieux. Nous autres souverains de la terre devons être honorés selon les institutions séculières, et l’humilité doit être la première vertu d’un disciple des apôtres ; si les honneurs des souverains sont notre apanage, les papes et les