Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/467

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1582. Batory, il s’était visiblement refroidi sur le projet de chasser les Turcs de l’Europe, changement dont le jésuite s’aperçut facilement et qu’il traita de perfidie. « Le tzar, rapporte Possevin, qui n’avait plus besoin du Saint-Père pour les intérêts de sa politique, imagina une ruse pour tranquilliser les superstitieux moscovites, scandalisés de la hardiesse avec laquelle j’avais jugé leur religion. Le premier dimanche du grand carême il me fit appeler au palais, et me parla ainsi : Antoine, instruit que vous désiriez voir les cérémonies de notre Église, j’ai donné l’ordre de vous conduire aujourd’hui dans le temple de l’Assomption où je serai moi-même. Vous pourrez y contempler la beauté, la grandeur du vrai culte de Dieu. Là, nous adorons ce qui est au ciel et non pas les choses d’ici-bas. Nous honorons notre métropolitain, mais nous ne le portons pas sur nos bras…. Jamais saint Pierre n’a été porté par les fidèles ; il marchait nu-pieds : et votre pape ose se dire son vicaire !…. Étonné de cette nouvelle grossiereté, je lui répondis froidement : Tous les lieux où l’on adore le Christ sont saints ; mais jusqu’à ce que nous soyons convenus de quelques dogmes et que le métropolitain de Russie