Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/520

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1584. En cet endroit, au sud de la rivière, on voit, au milieu d’un vallon, une élévation destinée, d’après une tradition unanime, à l’habitation d’un roi et formée par les mains de jeunes filles. C’est parmi ces monumens d’un siècle perdu dans l’oubli que devait périr le conquérant de la Sibérie, celui de qui datent les notions positives que nous avons sur ce pays. Il devait périr victime de sa propre imprudence, effet d’une inévitable destinée ! Iermak n’ignorait pas la proximité de l’ennemi : cependant, sans prendre aucune précaution, sans placer de sentinelles, et comme s’il eût été las de vivre, il s’abandonna, lui et ses camarades, à un profond sommeil. La pluie tombait à verse : le bruit des vagues, celui des vents contribuaient à endormir les Cosaques, tandis que l’ennemi veillait sur l’autre bord du fleuve. Ses espions ayant découvert un gué s’approchent en silence du camp d’Iermak. Ils voient ses guerriers couchés sur la terre et leur enlèvent trois fusils avec leurs sacs à cartouches, qu’ils apportent à leur roi, comme preuve de la facilité avec laquelle on pouvait enfin exterminer les invincibles. À cette nouvelle Koutchoum tressaillit de joie. Sans perdre un instant il assaillit les Russes à demi-morts et les égorge ; c’était la nuit du 5 août. Deux seule-