Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/522

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1584. les annales, mais aussi dans les temples sacrés, où, jusqu’aujourd’hui, on prie le ciel pour le repos de son âme ainsi que pour ses braves compagnons d’armes, morts avec lui sur les rives de l’Irtisch. On y retrouve encore son nom dans ceux des lieux, dans les traditions orales, et les plus pauvres cabanes sont ornées de portraits de ce prince-hetman. Portrait du héros de Sibérie. Il était d’une figure noble et majestueuse, d’une taille moyenne. Il avait des muscles prononcés, de larges épaules, un visage aplati, mais agréable, la barbe noire, les cheveux bruns et bouclés, des yeux perçans, miroir d’une âme ardente, énergique, et d’un esprit pénétrant. Le 13 d’août, son corps fut porté par le courant près du village d’Épantchinsky, à douze verstes d’Abalak. Un Tatar, nommé Yaniche, petit-fils du prince Beghiche, péchant dans la rivière, y aperçut les pieds d’un cadavre. L’ayant retiré de l’eau au moyen d’une corde, il reconnut Iermak à sa cuirasse de fer garnie de bronze, avec un aigle d’or sur la poitrine. Joyeux, il appelle à grands cris les habitans du village pour leur montrer les restes du héros. D’après quelques rapports du temps, un mourza, nommé Kandaoul, fit dépouiller Iermak de sa cuirasse et aussitôt un sang frais sortit à gros bouillons du cadavre déjà roide : les