Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/282

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que souvent avec elle ils errassent en vagabonds, depuis leur enfance jusqu’au tombeau, et qu’elle ne les sauvât pas des violences des Seigneurs temporaires, impitoyables envers des fermiers qu’ils n’étaient jamais sûrs de garder ; d’un autre côté, les riches propriétaires qui possédaient beaucoup de terres désertes, se trouvaient privés par là, de l’avantage de les peupler de cultivateurs libres. Les Seigneurs moins riches en devaient d’autant plus de reconnaissance à Godounoff, n’ayant plus à craindre de voir leurs villages et leurs champs abandonnés, par l’émigration des habitans et des cultivateurs. Nous verrons plus loin que, si le législateur bien intentionné avait prévu la satisfaction des uns et le mécontentement des autres, il n’avait pas deviné toutes les graves conséquences de ce nouveau réglement, auquel l’Édit de 1597 servit de complément. Cet édit prescrivait les mesures les plus rigoureuses pour rendre aux Seigneurs ceux de leurs paysans qui avaient fui dans l’espace des cinq dernières années, pour échapper au servage, avec leurs femmes, leurs enfans et leurs biens. À cette même époque,