Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/291

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visiblement. On écrit qu’en 1596, pendant qu’il était occupé à la translation solennelle des reliques du métropolitain Alexis, dans un nouveau sarcophage d’argent, il ordonna à Godounoff de les prendre dans ses mains, et qu’en portant sur lui ses regards avec tristesse, il lui dit : Paroles de Fédor à Godounoff. « Touche aux choses saintes, Régent du peuple orthodoxe ; gouverne-le aussi à l’avenir avec zèle, tu parviendras à ce que tu désires ; mais tout, sur cette terre, n’est que vain et transitoire » (204). Fédor prévoyait sa fin prochaine et son heure était venue.

Nous ne voulons point ajouter foi à l’horrible tradition qui accusa Boris d’avoir hâté ce moment par le poison (205) ; les Annalistes les plus dignes de foi n’en parlent pas, quoiqu’ils mettent au grand jour, et avec une juste horreur, tous les autres forfaits de Godounoff. Il n’est pas jusqu’au lion farouche que la reconnaissance ne captive (206). Alors même que le sacré caractère de Monarque et de bienfaiteur n’eut pas été un frein pour Godounoff, il aurait pu s’arrêter encore en voyant, dans le débile Fédor, une victime prochaine de la