Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/299

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dans l’État, sans les soins de Boris ; et secrètement, il travaillait à donner une apparence de liberté et d’amour à ce qu’il obtenait par la force, par la séduction et l’artifice. Il tenait Moscou, comme dans une main invisible, et par ses innombrables affidés, dirigeait les mouvemens de la Capitale (211). L’Église, les autorités laïques, l’armée et le peuple écoutaient et suivaient l’impulsion qu’il donnait. Tous le servaient, moitié par crainte, moitié par un sentiment de reconnaissance sincère pour ses services et ses bienfaits. On promettait et on menaçait ; on disait en secret et à haute voix que le salut de la Russie était inséparable du pouvoir de Boris. Enfin, après avoir préparé les passions et les esprits à une grande scène dramatique, le neuvième jour après la mort de Fédor, on déclara solennellement qu’Irène refusait la couronne et se retirait pour toujours dans un couvent, pour y prendre l’habit monastique. Prise de voile d’Irène. Cette nouvelle affligea Moscou ; les Évêques, le Conseil, les Nobles et les citoyens en masse, tombèrent aux pieds de la veuve couronnée ; ils versaient des larmes, l’appelaient leur mère, et la con-