Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/138

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et les Grands, qui fut plus capable de gouverner les affaires de l’État, que le disgracié Bogdan Belsky, et que lui-même se regardait comme victime de leurs noirs complots (114) ; il ajoutait que, même en ne s’occupant que du salut de son âme, il gémissait sur sa femme et ses malheureux enfans, dont il ignorait le sort, et qu’il priait Dieu de terminer promptement leur déplorable existence : mais, pour le bonheur de la Russie, le Ciel n’exauça pas cette prière. On rapporta également au Tsar que Vassili-Romanoff, accablé sous le poids de ses souffrances et de ses chaînes, avait un jour refusé de louer la clémence de Boris, et avait dit à son gardien : « La véritable vertu ne demande point d’éloges ». Mais Boris, comme s’il voulait prouver au captif la sincérité de sa clémence, lui fit ôter ses chaînes, et menaça de sa colère le gardien qui, par excès de zèle, l’en avait chargé ; il le fit ensuite transporter à Pélim, auprès de son frère Ivan, frappé de paralysie, afin de leur donner la triste consolation de souffrir ensemble. Vassili, à la suite d’une longue maladie, mourut, le 15 février 1602, entre les bras de son frère et d’un