Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des grâces honteuses accordées par le Souverain aux dénonciateurs ; chacun tremblait pour soi et pour ses proches, et bientôt le mécontentement devint général.

Beaucoup de voix encore s’élevaient pour louer Boris : il avait pour lui ses créatures, ses flatteurs, ceux qui, par leurs viles délations s’étaient gorgés de la dépouille des proscrits ; le haut Clergé conservait aussi quelqu’attachement (121) pour un Monarque qui le comblait de faveurs ; mais la voix de la patrie ne se mêlait plus à ces éloges partiaux et intéressés ; et le silence de la nation, servant de reproche au Tsar, annonça un grand changement dans le cœur des Russes ; ils n’aimaient plus Boris (122) : ainsi s’exprime un Annaliste contemporain et impartial, l’abbé Palitzin, célèbre lui-même dans notre Histoire par ses qualités d’homme d’État.

Les peuples sont toujours reconnaissans : remettant au Ciel le soin de juger le secret du cœur de Boris, les Russes l’avaient loué sincèrement, lorsque, sous le masque de la vertu, il leur paraissait être le père de la patrie ; mais lorsqu’ils reconnurent en lui un tyran, ils le