Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/222

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soudain et par l’éclat de ses exploits et par la faveur du Tsar. On vanta ses qualités extraordinaires, et le favori du Monarque devint celui de la nation, et le premier homme de son temps dans l’opinion publique. Mais une récompense si brillante, accordée à un seul, était un reproche tacite pour beaucoup d’autres et fit naturellement naître la jalousie parmi la haute Noblesse. Si le Tsar eût osé braver le réglement sur l’ancienneté des Boyards, et donner le commandement en chef à Basmanoff, il aurait peut-être prévenu la ruine de sa famille et les désastres de la Russie : le destin ne le voulut point. Le Tsar ayant fait venir Basmanoff à Moscou, probablement avec l’intention de profiter de ses lumières dans le Conseil, priva l’armée du meilleur de ses Officiers ; et il fit une nouvelle faute en lui donnant Schouisky pour Chef. Ce Prince, ainsi que Mstislafsky, pouvait ne point redouter la mort dans les combats ; mais il n’avait ni l’esprit, ni l’âme d’un Chef entreprenant et déterminé. Persuadé de l’imposture du vagabond, il ne songeait point à lui livrer la patrie ; mais, tout en servant les