Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/272

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heureuse que son frère et sa mère ; on lui laissa la vie : l’infâme Usurpateur avait entendu parler de ses charmes ; il ordonna au prince Massalsky de la prendre dans sa maison. On annonça à Moscou que Marie et son fils s’étaient empoisonnés eux-mêmes. Mais leurs corps, impudemment exposés à l’insulte et aux outrages, portaient les marques certaines de leur mort violente. Le peuple se pressait autour des misérables cercueils où étaient renfermées les deux victimes couronnées, l’épouse et le fils de l’ambitieux qui les avait adorés et perdus, en leur donnant un trône où ils ne trouvèrent que la terreur et la mort la plus cruelle ! « Le sang sacré de Dmitri, disent les Annalistes, demandait un sang pur en réparation ; et les innocens tombèrent pour le coupable. Que les scélérats tremblent donc pour leurs proches, le moment des vengeances et des représailles doit tôt ou tard arriver » !

Un grand nombre de citoyens ne regardèrent ce spectacle qu’avec curiosité ; mais beaucoup aussi avec attendrissement. On plaignait Marie, se rappelant que, fille d’un