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vrit qu’elle était bien elle-même, et non l’usurpatrice involontaire de l’état civil d’une autre. Voici ce document authentique qui ne permet aucun doute sur son jour de naissance. À la sacristie de l’église de Saint-Nicolas des Champs, on trouve ce qui suit dans l’un des registres :

« L’an mil huit cent quatre, le 2 juillet, a été baptisée Amandine-Aurore-Lucie, fille légitime de Maurice-François Dupin, et de Antoinette-Sophie-Victoire de la Borde, rue Meslée, n° 15.

« Parrain a été Armand-Jean-Louis Maréchal. Marraine a été Marie-Lucie de la Borde, tante de l’enfant[1]. »

George Sand dit dans l’Histoire de ma Vie que sa venue au monde ne coûta presque aucune souffrance à sa mère.

Parée, ce jour-là, à l’occasion d’une fête de famille, Sophie-Antoinette dansait joyeusement aux sons du violon du jeune Dupin, dans un cercle d’amis intimes. Au milieu d’une contredanse elle sentit les premières douleurs, se glissa inaperçue dans la chambre voisine, et bientôt, sa sœur vint annoncer au jeune mari qui n’avait pas quitté son violon, qu’une fille venait de lui naître. Le lendemain, la même jeune tante, accompagnée de son fiancé Maréchal, assista comme marraine, au baptême du nouveau-né, à qui on donna le nom d’Aurore en l’honneur de sa grand’mère, et celui de Lucie en l’honneur de sa tante. Au baptême de la « Belle au Bois dormant » (qui, disons-le en passant, se nommait aussi Aurore), douze bonnes fées et une méchante, réunies autour du berceau, exprimèrent leurs bons souhaits, auxquels se mêla une funeste prédiction. La

  1. Ce document avait déjà été publié antérieurement dans le Livre 1881, t. III, p. 643 et dans le volume de M. Henri Amic (George Sand, Mes Souvenirs. Paris, 1893). Mais M. Amic, en le citant, se trompe en traduisant le 12 messidor par « le 2 juillet ». Le 12 messidor 1804 fut le 1er juillet.