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hussites et des moraves jusqu’aux francs-maçons et aux carbonari, fut, comme on le sait, le résultat de la doctrine auquel est arrivé Lessing dans ses derniers ouvrages philosophiques, tels que son Testament Johannis, ses Freimaurer-Gespräche, etc. Le même évangile est le fond des croyances religieuses du moine Alexis dans le roman de George Sand, Spiridion. Mais Alexis et son maître mystérieux ne sont pas les seuls : tous les représentants de sectes apparaissant d’une manière ou d’une autre dans les romans de George Sand : les carbonari dans Lélia, les hussites et les thaborites dans Consuelo, Jean Ziska et Procope le Grand, les illuminés et les francs-maçons dans la Comtesse de Rudolstadt, tous ces sectaires sont autant de prédicateurs de l’évangile de saint Jean. Et lorsque, à la fin de sa vie, elle écrivit ses Impressions et Souvenirs, elle y parla encore de saint Jean et consacra des pages inspirées à cet Évangile de l’amour. Et si elle s’est laissée entraîner par les récits que Liszt et Mickiewicz lui faisaient des sectes slaves ; si elle a sympathisé avec les Hongrois opprimés par les Autrichiens et les Polonais vaincus par les Russes ; si avec Leroux, elle a vu dans les hussites et les thaborites des prédicateurs actifs du christianisme, comme doctrine sociale ; si, pour la même cause, elle entourait d’un culte passionné Lamennais et a prêté sa plume à le défendre contre les attaques de Lerminier et autres représentants de la morale bourgeoise, elle ne l’a fait, répétons-le, que parce que ces doctrines, ces récits et ces prédications répondaient à ses tendances, à son propre idéal. Et ces tendances et cet idéal se sont développés en elle et ont grandi sur le sol de son ardeur religieuse qui, il est vrai, se modifia plus tard ; George Sand eût à traverser une période de doute poignant ; avec les années elle rejeta