Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/286

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se déchaîner au-dessus de la terre engourdie dans l’attente.

En effet, le voyage aux Pyrénées fut une époque marquante dans la vie des Dudevant. C’est pendant ce voyage qu’Aurore se convainquit pleinement de l’indifférence de son mari et de sa froideur envers elle ; c’est alors aussi que naquit son premier attachement sérieux. Elle y rencontra l’homme qui sut la comprendre et l’aimer, et que, de son côté, elle aima de tout son cœur. Cet homme était Aurélien de Sèze.

Ce nom n’est cité dans aucune biographie de George Sand, et même, tout dernièrement, M. Rocheblave[1], qui a parlé de cet épisode et cité des fragments de la correspondance entre notre héroïne et Aurélien de Sèze, n’a pas jugé nécessaire de le nommer. Cela n’a cependant pas empêché les ennemis et détracteurs de George Sand de dire bien haut et sans aucun fondement, que de Sèze fut, lui aussi, un de ses amants[2]. Le nom de de Sèze dans la Correspondance de George Sand n’est également mentionné que deux fois : dans une lettre à Caron du Ier octobre 1829[3] et dans celle qu’elle écrivit à Mme Saint-Agnan, le 23 juillet 1830[4]. Dans une lettre antérieure, datée du 6 juillet 1830, elle le nomme simplement mon ami de Bordeaux. Dans une lettre de Bordeaux du 4 juin 1829, elle écrit à Caron : « Nous avons ici l’avocat général ». Mais cet avocat général n’était autre encore qu’Aurélien de Sèze, comme on le voit dans la note au bas de la page. Dans l’Histoire de ma Vie, elle ne parle pas une seule fois de lui, quoique le lecteur

  1. Dans son article George Sand avant George Sand.
  2. Voir entre autres Viel-Castel : « Mémoires », ou Le Curieux, et un tas d’autres encore.
  3. Correspondance de George Sand, t. I, p. 76.
  4. Voir la Revue Encyclopédique, du 1er  septembre 1893. « Lettres de George Sand. »