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raine, tout imprégnée d’amour romanesque ; le chroniqueur désenchanté du Voyage en Auvergne, — voilà les différentes étapes que la chrysalide avait déjà traversées avant 1831 : voilà comment, dans sa jeunesse, elle s’était préparée, à son insu, à la carrière d’écrivain. Ils avaient bien raison ceux qui, comme l’aïeule et René de Villeneuve, l’avaient encouragée à suivre cette voie et lui avaient prédit un glorieux avenir.

Mais il lui a fallu sa correspondance avec Aurélien de Sèze pour qu’elle se découvrît, et son amour pour Jules Sandeau fut pour elle l’haleine de printemps, qui éveilla à la vie la timide chrysalide, la dégagea de sa gaine et fit d’elle un brillant et splendide papillon. C’est en écrivant à Aurélien qu’elle apprit à énoncer ses idées et à créer sur le papier la fiction d’une vie dont elle était privée en réalité. Son établissement à Paris et son intimité avec l’homme aimé, au plus fort du mouvement artistique et intellectuel de l’époque, firent, de ce besoin de se manifester et de ce talent de donner au courant de la plume la vie à tout un monde rêvé, — non plus un passe-temps d’amateur, mais un gagne-pain et un sacerdoce. De dilettante, elle devint écrivain de profession, et, après avoir passé en très peu de temps par tous les degrés de l’apprentissage, la voilà maître.

C’est pour cette raison que nous sommes porté à voir dans sa liaison avec Sandeau, une date marquant surtout la manifestation de son génie Littéraire, qui, du reste, a coïncidé avec la crise qui a décidé de son sort.

Avant de parler de la vie de George Sand à Paris et à Nohant en 1832, nous jetterons un coup d’œil sur ses premières œuvres.

Comme nous avons ou plusieurs fois l’occasion de le