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d’un voyageur, adressée à Nisard, de prouver que ses premiers romans n’ont pas été écrits pour protester contre l’institution du mariage ou contre toute autre institution sociale. Cependant tous ces ouvrages sont pénétrés, qu’elle en ait conscience ou non, d’un esprit de protestation et de révolte contre la société, la famille, les préjugés, les injustices et les violences, au nom de la liberté individuelle de la femme. Ou bien ils sont un plaidoyer en faveur des artistes, des talents étouffés dans les tenailles de la vie bourgeoise.

Qu’est-ce en réalité que la Prima Donna ? C’est, en trois ou quatre pages, l’histoire d’une chanteuse d’opéra. Mariée à un homme du grand monde, Gina, c’est le nom de l’héroïne, dépérit du mal de la scène ; un feu intérieur la dévore, ne trouvant pas d’issue dans sa vie de mariage uniforme et terne, elle languit, s’éteint, est mortellement malade. Le docteur, qui comprend la raison de sa maladie, persuade à son mari de la laisser remonter sur la scène. La permission est donnée. Gina chante avec succès dans « Roméo et Juliette » et meurt au milieu de son triomphe, foudroyée par le bonheur de se trouver dans le monde de l’art, terrassée par le trop-plein de ses sentiments qui sont au-dessus de ses forces déjà brisées.

La fille d’Albano ? — C’est une diatribe de poète contre le bien-être moral et matériel de la bourgeoisie, milieu le moins approprié et le plus funeste à une nature artistique ; Carlos, frère aîné d’une artiste, Laurence, attaque énergiquement la vie bourgeoise pour sauver sa sœur adoptive en

    graphique sur les œuvres de George Sand » par le Bibliophile Isaac (vicomte de Spoelberch). Bruxelles, 1868. Et l’auteur a eu l’extrême bonté de nous en communiquer la suite manuscrite (1867-1896). Nous profitons de l’occasion pour lui exprimer ici, encore une fois, toute notre gratitude.