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les premiers chapitres nous font partager l’opinion d’un auteur inconnu qui dit dans un petit article publié dans la Nouvelle Biographie générale éditée chez Firmin Didot : « Ses entrées (de G. Sand) en matière sont adorables et dignes des plus beaux débuts de Walter Scott »… Cette remarque ne s’applique à aucun des romans de George Sand mieux qu’à Pauline. En effet, le début en est non seulement parfaitement écrit, mais nous y trouvons encore tous les motifs favoris des débuts de Walter Scott : l’indispensable auberge, l’arrivée d’une voyageuse, et le postillon, et l’aubergiste, et un relais, — tout ce que nous aimons tant dans les récits du vieux « sacristain de Ganderclaigh ».

Ainsi, dans ces cinq premières œuvres, George Sand dépeint le conflit entre le talent et le milieu bourgeois, la lutte des âmes empreintes du sceau du génie contre l’oppression de la vie quotidienne et les préjugés de caste, et prêche le droit des gens de génie à une liberté plus large que celle dont jouit le commun des hommes. C’est pourquoi la Prima Donna, Rose et Blanche, la Fille d’Albano, la Marquise, Pauline, sont comme les jalons des thèmes qu’elle a si artistement développés plus tard dans la Dernière Aldini, dans Carl, Teverino, Consuelo, Lucrezia Floriani, dans le Château des Désertes, Constance Verrier et même dans le conte le Château de Pictordu.

Dans Melchior, dans le Toast, dans Indiana et dans Valentine elle met en scène, non des problèmes concernant les artistes, mais des problèmes tragiques de la vie de femme. Une femme mariée, malheureuse, incomprise et languissant dans une union mal assortie, n’aurait-elle donc pas le droit de s’affranchir ? Son âme doit-elle être sacrifiée au code de la morale formelle qui ordonne l’indissolubilité du