Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/428

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Hints, album où George Sand notait ses impressions et ses pensées :

« Laissez-moi l’aimer ; je sais qui elle est et ce qu’elle vaut. Ses défauts, je les connais. Ses vices… ah ! voilà votre grand mot, à vous ! Vous avez peur du vice, mais vous en êtes pétris et vous ne le savez pas, ou vous n’en convenez pas ! Le vice ! vous faites attention à cela, vous autres ? Vous ne savez donc pas qu’il est partout, à chaque pas de votre vie, autour de vous, au dedans de vous ? Votre père est avare, votre mère est menteuse, vos frères sont de mauvaise foi, votre confesseur a volé au jeu, votre sœur s’est vendue, votre meilleur ami vous a renié dix fois. Vous ne saviez pas cela ? Comment donc vivez-vous tous, tant que vous êtes ? Que faites-vous donc de vos yeux, de vos oreilles et de votre mémoire ? Vous m’appelez cynique de cœur, parce que je vois et parce que je me souviens, parce que je rougirais de devoir à l’aveuglement ou à l’hypocrisie cette faussé bonté qui vous fait à la fois dupes et fripons.

« Vous dites qu’elle m’a trahie, je le sais bien : mais vous,


    Traita-t-il comme une simple aventure d’étudiant cette femme qui était au moins son égale par le talent ? Ce qui est certain, c’est qu’il ne se laissa pas mener où alla Musset et il fit bien. On verra dans quelle circonstance il retrouva celle qu’il avait dédaignée et irritée »… Laissant de côté l’opinion d’Augustin Filon que George Sand » était au moins l’égale par le talent de Mérimée », nous ferons remarquer que les mots : « il l’avait dédaignée et irritée » cadrent exactement avec « il m’a repoussée » (passage supprimé dans l’édition de Lévy, 1897), que nous trouvons dans la lettre de George Sand à Sainte-Beuve du 25 août 1833. Nous nous bornerons à recommander à l’attention du lecteur le livre intéressant de M. Filon qui prouve à l’évidence combien peu se convenaient ces deux natures. Quant à la rencontre des deux écrivains qui eut lieu plus tard et à laquelle se rapporte la dernière phrase de M. Filon, comme lui, nous n’en dirons, en temps et lieu, que quelques mots. (Voir Mérimée et ses amis, par Augustin Filon, avec une Bibliographie des œuvres complètes de Mérimée par le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul. Paris, Hachette et Cie, 1894.)