Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/78

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Si toutes ces affirmations d’Arvède Barine étaient depuis longtemps plus que justes à nos yeux, puisque nous avions déjà[1], après avoir étudié à fond la correspondance inédite de George Sand et les documents qui ont trait à l’épisode en question, exprimé une conviction analogue, et affirmé que la publication complète des lettres de George Sand ne pouvait servir qu’à la justifier, maintenant que ses lettres inédites à Sainte-Beuve, à Pagello, Tattet, Boucoiran, Dudevant, etc., ont été publiées[2], cette opinion, nous la croyons partagée maintenant par la majorité de nos lecteurs. Le lecteur saura, dès à présent, apprécier à leur juste valeur

    malicieusement à ce sujet (p. 157, 158) que « probablement, en ce temps-là, on comprenait autrement que de nos jours les devoirs d’éditeur. Paul de Musset ne s’est pas borné aux coupures. Au besoin, il arrangeait aussi un peu le sens (sic !)… Il y a des pages entièrement récrites. » La fameuse correspondance de Musset avec Mme Jaubert (Souvenirs de Mme Caroline Jaubert, Lettres et correspondances. Paris, Hetzel), que le poète appelle sa marraine, correspondance qui a servi souvent de document pour les ouvrages biographiques que l’on a écrits sur Musset, est aussi très peu authentique. « Les lettres citées dans ce volume ont été non seulement tronquées, mais parfois remaniées ; des fragments empruntés à des lettres de dates différentes ont été réunis pour en faire une seule » (A. Barine, p. 95). À la page 154, Arvède Barine indique que « c’est précisément à cause de l’exactitude du fond du récit de la « Confession d’un Enfant du siècle », que Paul de Musset s’est attaché à lui enlever sa valeur autobiographique. Il ne pouvait lui convenir que son frère prit chevaleresquement tous les torts sur lui. » À la page 10, le même écrivain affirme, et cela en toute justice, que la Biographie écrite par le frère, est fort précieuse par les renseignements qu’elle donne sur les premières années de Musset, mais qu’on ne doit toutefois la consulter qu’avec une certaine défiance. « Il s’y trouve partout une inexactitude et des inadvertances, et, à partir d’un moment que nous indiquerons, ces inexactitudes sont volontaires et calculées en vue de dérouter le lecteur (sic !) »…

  1. Lors de la publication de ce chapitre dans le Messager de l’Europe (mai 1894) et dans le chapitre sur Musset paru sous le titre de : Histoire et non légende (Messager du Nord, novembre-décembre 1895)
  2. Dans la Revue de Paris, le Cosmopolis, la Revue hebdomadaire et la Nouvelle Revue. Nous signalons ici à l’attention du lecteur que nous avons publié en entier ou par fragments, bien avant leur publication en France, une partie de ces lettres dans l’article cité ci-dessus, Histoire et non Légende, ainsi que dans le chapitre George Sand et M. Dudevant (Richesse russe, janvier et lévrier 1895).