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les entraînements et les amours postérieurs de Musset et qu’il tâche de nous faire croire que Musset, comme Lermontow, « en aimant ailleurs n’a jamais oublié le regard de ses yeux[1] ».

Nous laissons au lecteur le soin de juger, par son impression personnelle, lequel des deux biographes de Musset lui paraît avoir raison sur ce point. La seule chose à laquelle nous attachions de l’importance, c’est de montrer à quel degré le désir de charger George Sand oblige les écrivains qui sont ordinairement le plus d’accord entre eux, à se contredire les uns les autres. Une autre observation que nous avons encore à faire, c’est que Lindau, en interprétant les actes et le caractère de George Sand, prend pour point de départ, que c’était une nature raisonneuse, réfléchie, que ce qui dominait chez cette femme, c’était la froideur (?), l’incapacité d’éprouver un sentiment ardent, spontané et chaleureux (tout cela joint à une « profonde immoralité », car les biographes de Musset ne veulent pas parler autrement d’elle). Voilà qu’à l’appui de cette thèse et, comme nous le savons, sans posséder sur cet épisode vénitien presque aucune donnée positive puisée dans quelque œuvre tant soit peu historique, Lindau recourt à un procédé fort risqué, bien que déjà employé avant et après lui par différents biographes. Il nous donne, comme sources, des ouvrages de pure imagination ou mi-autobiographiques, tels que Elle et lui, Lui et Elle, Lettres d’un voyageur, quelques passages de la Confession d’un enfant du siècle et enfin Lui de Louise Colet (livre que tout le monde reconnaît unanimement comme indigne de confiance à cause de ses futiles bavar-

  1. Un vers de Lermontow.