Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/82

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base toutes les explications qu’il donne du caractère de George Sand sur une phrase de l’Histoire de ma Vie, d’où il ressort qu’elle avait une nature follement passionnée, qu’elle était esclave de ses passions, incapable de se dompter, de raisonner, de remplir un devoir, ne cédant guère qu’à l’impulsion du moment. Mais, dès qu’il lui incombe de prouver qu’elle était une nature fausse et toute de réflexion (?), il laisse son sujet dans l’ombre et l’on voit de nouveau apparaître, sur la scène, la fameuse page de Lindau avec ses citations par bribes, et George Sand redevient une froide raisonneuse, une vraie « Lady Tartufe ». Dans le livre de Niecks, toutes ces citations ne viennent que de quatrième main, mais cela n’embarrasse nullement l’auteur. Cette manière de narrer les faits nous plonge dans un étonnement profond. Ce procédé mais paraît tout à fait antihistorique ; il n’est nullement en rapport, du reste nous aimons à le reconnaître, avec la narration sévèrement persuasive et sérieuse de Niecks, qui s’attache à ne jamais citer un fait de la vie de Chopin ou de toute autre personne, sans l’avoir d’abord soigneusement vérifié. Mais il s’agissait de condamner George Sand, et… l’exactitude historique, l’impartialité sont oubliées !

Notons encore un autre trait. Dans son récit biographique, Niecks prend pour guide l’Histoire de ma Vie et la Correspondance de George Sand et semble donner créance à ces deux livres. Mais, lorsqu’il s’agit de l’excursion faite à Majorque avec Chopin, Niecks n’hésite pas à affirmer que les lettres et les souvenirs de George Sand sont un tissu de mensonges et de faussetés ; à chaque pas, il prodigue des remarques dénuées de tout fondement, pour inspirer au lecteur une méfiance complète de ce qu’elle raconte (voir Niecks, t. II, p. 42, 44, 47, 48, 49. 83). En plusieurs en-