Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/84

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exigée par la douane des îles Baléares, laquelle douane fit ensuite, comme une vraie marchande, rabais de la moitié de ce qu’elle avait demandé. Il est évident que ce dernier détail était bien resté dans la mémoire de George Sand, qui n’oubliait jamais aucun fait typique, caractéristique ou particulier, ayant trait à des mœurs ou à des coutumes locales ; tandis qu’elle était absolument insouciante dès qu’il était question de chiffres ou de comptabilité. Il est très naturel qu’elle ait pu oublier si c’était six ou sept cents francs qu’on leur avait réclamés, tout en se rappelant parfaitement, qu’après avoir demandé cette somme, on l’avait réduite de moitié. C’est même là, selon nous, un trait bien caractéristique pour une nature artiste. Nous comprenons très bien que les chiffres exacts se soient évaporés de sa mémoire, mais nous sommes convaincus que, si elle avait, comme tant d’autres, gardé pendant des dizaines d’années des factures déjà acquittées, et si elle les avait consultées avec intérêt de temps à autre, ce ne sont pas ces malheureux chiffres de sept cents et de quatre cents qu’on trouverait dans un Hiver à Majorque, mais bien six cents et trois cents.

Si nous nous sommes arrêté si longtemps sur cette mesquine chicane, c’était à dessein de montrer encore une fois au lecteur, à quel point un auteur peut s’accrocher à tout, lorsqu’il veut prouver la fausseté, le mensonge et l’incertitude des témoignages de George Sand et de ses deux ouvrages : un Hiver à Majorque et l’Histoire de ma Vie. Quant à nous, nous le répétons, elle est, à nos yeux, une nature incontestablement sincère, ardente, spontanée. Telle est l’opinion de tous ceux qui l’ont connue personnellement. Telle fut la nôtre lorsque, après plusieurs années de travail, nous avons essayé de nous rendre