Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de critique musicale et les impressions d’un voyage qu’elle fit plus tard en Suisse (lettres à Éverard, Liszt, Meyerbeer, Herbert, Nisard, etc.). Nous ne parlons ici que de leur première partie, c’est-à-dire des trois lettres à *** (Musset) et de celles à Néraud, et à Rollinat, nos I, II, III, IV, V et IX. Ces lettres sont non seulement des pages charmantes parmi les plus charmantes de George Sand, elles sont aussi une de ces œuvres poétiques qui ne vieillissent jamais et qui impressionnent les lecteurs appartenant aux écoles littéraires les plus diverses, parce qu’elles sont tout imprégnées par la chaleur d’un sentiment vrai et sont écrites dans une admirable langue poétique. Il est impossible de transcrire ces ravissants Poèmes en prose. Les descriptions de la nature, les petites scènes de la vie italienne, de nombreuses improvisations lyriques adressées à l’ami parti, de tristes méditations sur sa vie à elle et sur celle de tous les humains, le rire et les larmes, tout cela alterne dans ces lettres avec la même rapidité, avec la même spontanéité que dans n’importe quel poème de Byron ou dans les poésies juvéniles de Pouchkine ; mais avec la nuance prédominante du désenchantement et d’une tristesse sans issue.

À qui n’a pas lu ces Lettres, aucune critique ne lui dira ce qu’elles renferment ; quiconque les a lues, — ne sera jamais satisfait d’aucune analyse ; elles sont chatoyantes de nuances insaisissables, pleines des traits les plus fins et d’un lyrisme qui nous saisit. Lindau veut à tout prix déduire de ces Lettres la conclusion qu’elles sont l’expression du repentir de George Sand au moment où elle les écrivait, et, chose fort curieuse, il a l’air de se fâcher d’y trouver tant de passion, tant de regrets amers causés par le départ de l’ami, tant d’amour sincère et ardent, tandis que Elle et lui est une œuvre froide, sobre, par trop raisonnable. Il oublie