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son petit Maurice, qui ayant beaucoup pleuré sur Paul et Virginie, avait demandé à sa mère d’écrire pour lui une histoire où il n’y eût pas d’amour[1]… C’est ce que fit George Sand en écrivant une charmante nouvelle tirée de la vie des artistes de la Renaissance, où aucun des personnages n’a rien à faire avec « ce vilain amour » qui déplaisait tant au petit Maurice Dudevant. Cette nouvelle peut parfaitement être recommandée comme lecture à la jeunesse ; elle est instructive et élégamment écrite, tant soit peu ennuyeuse pour nous autres lecteurs, mais on y respire un souffle vraiment artistique, et l’on sent que le graveur Calamatta, ami de George Sand, à qui elle avait demandé des conseils lorsqu’elle écrivait ce livre, a dû lui communiquer beaucoup de choses sur la vie des artistes, et qu’il a servi lui-même de modèle à George Sand, pour peindre son maître ami de l’idéal[2].

Le chanteur Lélio raconte l’histoire des deux Aldini, la mère et la fille, qui, l’une après l’autre, lui ont donné leur amour. La première s’est éprise de l’humble gondolier, chantant à la poupe de sa gondole de simples chansons, et l’a pris en son palais, pour lui faire cultiver sa voix admirable et son talent musical. Le jeune gondolier sut se

  1. M. Skalkovsky, dans son article sur George Sand (faisant partie de son livre : « Les femmes écrivains du xixe siècle » (Saint-Pétersbourg, 1865, en russe) assure tout le contraire de la vérité, en disant que le petit Maurice avait été trop ému par la lecture des Maîtres Mosaïstes, « livre peu adapté à la lecture de cet enfant ».
  2. Voir la Correspondance, t. II, p. 73-81. Sur la prière de George Sand, Luigi Calamatta lui avait envoyé des dessins et des descriptions des costumes de la Renaissance. Elle lui écrit peu après : « Lisez dans le prochain numéro de la Revue les Maîtres Mosaïstes. C’est peu de chose, mais j’ai pensé à vous en traçant le caractère de Valerio. J’ai pensé aussi à votre fraternité avec Mercuri. Enfin je crois que cette bluette réveillera en vous quelques-unes de nos sympathies et de nos saintes illusions de jeunesse… »