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leur compréhension — à la contemplation et à la compréhension du Beau. Par la compréhension du Beau, il arrive peu à peu à s’approcher de la compréhension du Vrai, à s’unir à l’être suprême, à Dieu, comme tout dans la création tend à la perfection suprême, à sa fusion avec lui.

« … S’il perçoit la lumière physique par les sens qui lui sont communs avec les animaux, il perçoit encore intérieurement la pure lumière qui manifeste ce que les sens ne peuvent atteindre, la lumière essentielle, identique avec la parole, le verbe infini et dans cette lumière, il voit Dieu, et en Dieu l’immuable, le nécessaire, le vrai, les idées, les causes éternelles[1]. »

Conformément à ces trois échelons du développement de son esprit, l’activité de l’homme se déploie dans la poursuite de trois buts : 1° l’influence sur le monde extérieur, — la sujétion de la nature avec ses forces à sa volonté et à son esprit, — ce que Lamennais réunit sous le nom de « l’Industrie » ; de là tous les métiers, les découvertes et les inventions innombrables et sans fin, car le but final de l’activité humaine dirigée par l’esprit sans bornes et sans limites, c’est la victoire de l’esprit sur tout ce qui est dans la nature, la délivrance de tout ce qui lui fait obstacle, la soumission toujours plus grande du temps, de l’espace et de la matière, jusqu’à complète union de la nature avec l’homme.

« … Ainsi par l’Industrie, par l’empire qu’il exerce sur la Nature contrainte d’obéir à ses volontés, l’homme s’assimile, pour user de ce mot, corporellement la création, il en fait comme une extension de son propre organisme[2]. »

  1. Esquisse d’une Philosophie, vol. III, seconde partie : De l’homme ; livre vII — Industrie ; livres VIII et XIX. — L’art. p. 70.
  2. Ibidem, p. 477.