Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/26

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les échos de ses impressions pendant les derniers mois de 1833 et ceux de son célèbre voyage à Venise (Lettres d’un voyageur, Aldo le Rimeur, l’Orco, l’Uscoque, Mattéa, la Dernière Aldini, le Secrétaire intime). Les réminiscences de ce voyage en Italie se retrouvent aussi dans Gabriel, dans la première partie de Consuelo et dans plusieurs autres œuvres postérieures de George Sand. De son côté, c’est après son retour d’Italie que Musset a écrit ses plus belles poésies lyriques (les Nuits, le Souvenir, la Lettre à Lamartine, À mon frère revenant d’Italie, etc.), et ce sont les souvenirs d’Italie et de George Sand qui lui ont inspiré Lorenzaccio, On ne badine pas avec l’amour, et plusieurs autres œuvres dramatiques. Cette liste succincte de productions suffit pour nous faire voir que ce drame du cœur, qui a soulevé tant de bruit en son temps et même en ces dernières années, eut une importance littéraire considérable et qu’à ce titre seul il mérite de fixer l’attention du critique.

Mais grâce à l’abondance des récits apocryphes relatifs à cet épisode et notamment aux faits du voyage en Italie, l’histoire de cet amour est devenue et restée une légende ; les faits y sont altérés et défigurés au point qu’on ne s’y reconnaît plus. Les noms de George Sand et de Musset sont sur toutes les lèvres ; mais la vérité, personne ne la sait. La cause de tout cela, nous l’avons déjà dit, c’est la mauvaise foi et l’intempérance de langage des ennemis de George Sand, et la crainte éprouvée par ses amis de parler simplement et franchement de choses qui ne sont pourtant ignorées de personne. Ses amis se taisent ou parlent dans le vague et par réticences ; les ennemis ne se gênent nullement pour aller, dans leurs attaques, jusqu’à l’absurdité. Et, ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’amis et biographes ont toujours essayé de ne pas même