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Grâce à tous ces documents, à différentes recherches personnelles et à la possibilité de profiter de certaines lettres du docteur Pagello, lettres entièrement inconnues du public et très importantes, méritant toute confiance par leur véracité, sobre et réservée et leur sincérité attachante, nous avons pu nous servir de tous les innombrables documents publiés jusqu’ici, non comme de simples sources, mais en les soumettant à une critique raisonnée.

George Sand fit la connaissance de Musset peu de temps avant l’apparition de Lélia. Tout le monde littéraire de Paris s’intéressait à la nouvelle étoile qui se levait. Au désir de faire connaître l’auteur d’Indiana si passionnée, et de la poétique Valentine, s’ajoutait encore, la curiosité de voir la femme originale, tant soit peu excentrique, sur laquelle couraient déjà des légendes, cette beauté qui avait réussi à asservir le cœur de Sainte-Beuve, si exclusif et si raffiné, à s’attacher le pessimiste de Latouche et même Gustave Planche, l’intransigeant. Non moins célèbre était alors Musset, l’auteur des Contes d’Espagne et d’Italie qui avaient soulevé des tempêtes, de la moqueuse Ballade à la lune, de Namouna, etc., etc. Musset, qui n’avait pas encore vingt-trois ans, était un jeune homme svelte et blond, au teint délicat, aux beaux yeux rêveurs, dont le regard était cependant souvent hardi, pour ne pas dire davantage[1].

    sations portées contre elle. Je dois ajouter ici que l’enquête que j’ai faite chez ses amis et ses parents et la vérification des documents conservés dans plusieurs archives ont entièrement confirmé ce vœu de George Sand… » Depuis lors les personnes qui s’intéressent à la question, ont pu s’en convaincre par une lettre de George Sand à Émile Aucante, publiée par celui-ci, et qui sert, pour ainsi dire, d’introduction à ses lettres à Musset, mises en ordre par elle-même et imprimées d’abord par M. Émile Aucante en 1896 dans la Revue de Paris.

  1. Pauline Viardot a dit une fois, en parlant à un de nos amis, que le regard de Musset était « très arrogant, repoussant même, surtout