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une lieue d’ici, quatre mille bêtes me croient à genoux dans le sac et dans la cendre, pleurant mes péchés comme Madeleine. Le réveil sera terrible. Le lendemain de ma victoire, je jette ma béquille, je passe au galop de mon cheval aux quatre coins de la ville. Si vous entendez dire que je suis convertie à la raison, à la morale publique, à l’amour des lois d’exception, à Louis-Philippe, le père tout-puissant, et à son fils Poulot-Rosolin, et à sa sainte chambre catholique, ne vous étonnez de rien. Je suis capable de faire une ode au roi et un sonnet à M. Jacqueminot[1] ».

Il est donc hors de doute que ce séjour à Nohant en compagnie du jardinier et de la tête de mort, pendant « quelques semaines » (que George Sand fit, selon l’Histoire de ma Vie après le jugement), doit être en réalité rapporté à la fin de l’automne de 1835, époque où elle « était toujours » encore « à la campagne, chez elle… ».

Dudevant était, à ce qu’il semble, tellement convaincu de son tort et se soumettait si bien d’avance au verdict qu’on pouvait prévoir, que dès le commencement de l’instruction du procès, il s’était démis de ses fonctions de maire de Nohant et s’était transplanté à Paris. De leur côté, Duteil et Hippolyte, le procès étant encore pendant, avaient fait des démarches afin d’obtenir à l’amiable une séparation, quelque verdict que prononçât le tribunal ; dans ce but, le 12 novembre c’est-à-dire le lendemain de la mise en vigueur du premier traité, il en fut conclu un second, qui, sur les points essentiels, contenait les mêmes clauses. Le premier article de ce traité commence par ces mots : « Dans la prévision du succès de la demande intentée par Mme Dudevant contre son mari… », etc. Et

  1. Correspondance, t. I, p. 321 322. Lettre à la comtesse d’Agoult.