Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/336

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Outre cela, Dudevant ayant hérité après la mort de sa belle-mère et se trouvant par là en possession d’une fortune considérable, George Sand, qui était seule chargée de l’éducation des enfants, trouvait juste de n’avoir plus à céder la moitié de ses revenus à son mari. Elle refusait donc non seulement de payer les frais d’entretien de Maurice, mais aussi la rente qu’elle faisait jusqu’alors à Dudevant, elle demandait aussi qu’on lui rendît l’hôtel de Narbonne qui avait été donné à Dudevant par le traité de 1836[1]. Cette fois, c’est Chaix d’Est-Ange qui fut son avocat. Paillet fut celui de Casimir. Le tribunal rejeta d’abord la demande de George Sand, car on ne pouvait i)as encore exactement savoir à quoi s’élevait l’héritage de Dudevant et si sa fortune s’était améliorée. L’affaire n’en vint pourtant pas à un procès définitif, et voilà ce qu’Aurore en écrivait à sa sœur, Caroline Cazamajou, le 15 mai 1838 : « Mon procès à la veille du jugement s’est terminé par une transaction entre M. Dudevant et moi. Je lui cède mes inscriptions de rentes sur l’État, montant à 40.000 francs, et il me rend l’hôtel de Narbonne. En même temps, il renonce à Maurice et à Solange et s’engage à ne plus me persécuter. Seulement, admire son amour paternel et son désintéressement : il demande à les voir tous les ans pendant quelques jours et à ce que je supporte la moitié des frais de leur déplacement pour aller le trouver. Tendre et généreux père ! Dans notre liquidation il n’a pas rougi de faire inscrire, par son avoué, au nombre de ses réclamations 15 pots de confiture et un poêle en fer de la valeur de 1 franc 50 centimes ![2] »…

Il semblerait difficile de pousser plus loin l’avidité, mais

  1. 1o Le Droit, 12 juillet 1837 ; — 2o Lettres inédites ; — 3o Correspondance, t. II ; — 4o Histoire de ma Vie, t. IV, p. 420-423.
  2. Lettre inédite.