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d’allégresse et de joie. Il n’en pouvait être autrement dans une société si bien assortie : George Sand et Liszt, deux vrais artistes, avides d’impressions, brillants et brûlants d’un feu intérieur ; la comtesse d’Agoult, jeune femme amoureuse et nullement ordinaire ; Puzzi, Maurice et Solange, trois enfants gais et dispos ; le spirituel major Pictet ; l’aimable légitimiste, la berrichonne Ursule, nature naïve et spontanée, tantôt s’extasiant sur toutes choses, tantôt pleurant d’effroi au nom de Martigny qu’elle confondait avec la « Martinique », ce qui lui faisait craindre une traversée pour revenir dans le Berry.

La joie de vivre régnait au milieu de ces jeunes gens ; on se divertissait comme des écoliers en vacance, c’étaient des plaisanteries, des drôleries, des espiégleries sans fin. Les hôtes et les servantes des hôtels, ainsi que les indigènes, avaient vraiment grand’peine à préciser qui ils hébergeaient, car voici par exemple ce que Liszt écrivit sur le « livre des voyageurs » à Chamounix :

Musicien-philosophe
 : au Parnasse.
venant : du Doute.
allant : à la Vérité.

À son tour, George Sand se qualifiant avec ses enfants, de « famille Piffoëls » (surnom qui lui resta depuis ce jour à cause du long nez de Maurice et de celui de George Sand elle-même), inscrivit ce qui suit :

Noms des Voyageurs : Famille Piffoëls.
Domicile : La nature.
D’où ils viennent : de Dieu.
Où ils vont : au Ciel.