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Sous la blouse, George Sand portait « un gilet rouge garni de boutons d’or en filigrane, au cou une cravate noire, la tête couverte d’un grand chapeau de paille ». Liszt également en blouse, portait un béret à la Raphaël. La fluette Arabella, coiffée d’une « capote anglaise », abaissait sur sa figure un voile vert.

Pictet décrit aussi l’étonnement des indigènes à la vue de cette « troupe errante de bohémiens » et dépeint en vives couleurs l’excursion à Fribourg, la visite à la cathédrale, le jeu de Liszt sur le célèbre orgue de l’église et les impressions si différentes que sa musique produisit sur les auditeurs. Déjà au commencement du livre, en parlant de Madhousvâra, le major racontait que celui-ci jouait sur « un instrument musical de nature et de formes inconnues » (il est à présumer que les sanscrits ne connaissaient pas le piano), « dont il tirait des sons admirables. On ne savait à vrai dire si c’étaient des sons ou des paroles, car l’oreille charmée croyait entendre tantôt de ravissantes mélodies et tantôt des récits pleins d’intérêt et de poésie… »

À Fribourg ce n’est plus le mystérieux Madhousvâra, mais Liszt en chair et en os qui joue sur un orgue réel. L’impression de son jeu n’en est pas moins si fantastiquement ensorcelante qu’il est difficile à ceux qui l’écoutent de dire s’il joue ou s’il sait par des sons raconter ses rêves et exprimer ses pensées.

Si nous nous sommes arrêté si longtemps sur l’opuscule de Pictet, c’est que ce petit livre ne se rencontre plus chez les libraires et qu’il est en général si peu connu que, lorsque nous l’avons demandé en 1894 à la salle de travail de la Bibliothèque Nationale de Paris, on nous a apporté un exemplaire non encore coupé et sans reliure, tel qu’il avait été reçu à la Bibliothèque en 1838. Quant à la relation de