Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/418

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drais parler de tous les devoirs, du mariage, de la maternité, etc. En plusieurs endroits, je crains d’être emportée par ma pétulance naturelle, plus loin que vous ne me permettriez d’aller, si je pouvais vous consulter d’avance. Mais, ai-je le temps de vous demander à chaque page de me tracer le chemin ?… »

« … Que faire, donc ? Me livrerai-je à mon impulsion ? ou bien vous prierai-je de jeter les yeux sur les mauvaises pages que j’envoie au journal ? Ce dernier moyen a bien des inconvénients ; jamais une œuvre corrigée n’a d’unité. Elle perd son ensemble, sa logique générale. Souvent, en réparant un coin de mur, on fait tomber toute une maison qui serait sur pied si on n’y avait pas touché.

« Je crois qu’il faudrait, pour obvier à tous ces inconvénients, convenir de deux choses : c’est que je cous confesserai ici les principales hardiesses qui me passent par l’esprit et que vous m’autoriserez à écrire dans ma liberté, sans trop vous soucier, que je fasse quelque sottise de détail. Je ne sais pas bien jusqu’à quel point les gens du monde vous en rendraient responsable et je crois d’ailleurs, que vous vous souciez fort peu des gens du monde. Mais j’ai pour vous tant d’affection profonde, je me sens commandée par une telle confiance, que lors même que je serais certaine de n’avoir pas tort, je me soumettrais encore pour mériter de vous une poignée de main… »

Ensuite, George Sand parle à Lamennais d’une série de questions concernant la femme, soulevées dans ces Lettres, et finit par dire :

« Répondez-moi un mot. Si vous me défendez d’aller plus avant, je terminerai les Lettres à Marcie où elles en sont, et je ferai toute autre chose que vous me commanderez, je puis me taire sur bien des points et ne me crois pas