Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/423

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encore des points de ressemblance avec les idées de Tolstoï, exprimées dans son article « Aux femmes » ; on y trouve même l’antithèse identique entre le travail de l’homme hors de la maison et celui de la femme dans la maison, la femme ayant pour charge l’organisation de l’intérieur et l’éducation des enfants ; elle est le vrai chef de la maison et de la famille, c’est son devoir sacré, etc., etc.)

Puis, l’ami de Marcie, après avoir tâché de lui prêcher le calme, et après l’avoir éclairée sur ses doutes, veut lui prouver son droit à la liberté des croyances, à la liberté de l’analyse, à la liberté personnelle, et vient à lui exposer ses théories quant à la vie qu’elle doit mener, et sur ce qu’elle doit faire. Ses conseils, alors nouveaux, sont aujourd’hui tant soit peu vieillis, légèrement rebattus, mais peut-être ne le sont-ils que parce que George Sand a existé et que des générations entières ont été élevées dans ces idées. Il est donc bien inutile aussi de tant crier au « vieux jeu », parce que, Dieu merci, tout cela a vieilli et n’est plus nécessaire à prêcher ! Il fut un temps où cela fut bien utile.

« Je sais que certains préjugés refusent aux femmes le don d’une volonté susceptible d’être éclairée, l’exercice d’une persévérance raisonnée. Beaucoup d’hommes aujourd’hui font profession d’affirmer physiologiquement et philosophiquement que la créature mâle est d’une essence supérieure à celle de la créature femelle. Cette préoccupation me semble assez triste, et si j’étais femme, je me résignerais difficilement à devenir la compagne ou seulement l’amie d’un homme qui s’intitulerait mon dieu ; car au-dessus de la nature humaine, je ne conçois que la nature divine ; et, comme cette divinité terrestre serait difficile à justifier dans ses écarts et dans ses erreurs, je craindrais fort de voir bientôt la douce obéissance, naturellement inspirée par