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fondront dans notre mémoire avec les autres héros de George Sand ; jamais nous ne les oublierons !

Mauprat fut fini et publié en 1837, sous des impressions plus riantes que celles qui présidèrent à sa naissance, et c’est pour cela que George Sand put dire, plus tard, dans la préface du roman, que ce ne fut qu’après avoir plaidé en séparation que le mariage, dont jusque-là elle avait combattu les abus, lui « apparut dans toute la beauté morale de son principe comme une institution sacrée ». Mauprat est comme la solution posée à la question soulevée dans Jacques, et une solution bien positive : le bonheur est possible dans un mariage indissoluble et vraiment saint, lorsque ce mariage est basé sur l’estime mutuelle, l’amour constant et la fidélité des époux ; mais il faut savoir conquérir et mériter ce bonheur.

On voit par là que vers 1837, une période plus paisible commençait pour George Sand. Sa vie de famille prit un caractère de stabilité et de calme, ses idées se fixèrent et s’éclaircirent dans son esprit.

À partir de ce moment, les heures orageuses de doute et de désespoir font place chez elle à une compréhension plus philosophique de l’existence ; ses entraînements et ses passions, sans disparaître de sa vie, n’accaparent plus toute son âme, comme dans le passé. Hâtons-nous d’ajouter cependant que cette évolution ne se fit pas sans lutte et sans souffrance. Peut-être même que la fin de l’année 1837 fut une des périodes les plus tristes de sa carrière.

Ce fut pour George Sand une époque de chagrins, d’inquiétudes et de larmes. Un jour, au moment du dîner, probablement vers la fin de juillet, un des derniers jours que Liszt et Mme d’Agoult passèrent à Nohant, George Sand reçut une lettre de Pierret, une lettre lui annonçant