Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/460

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Mais tout ce vacarme pourrait recommencer au premier jour avec quelque autre. Il a abdiqué provisoirement sa jalousie. » Il faut donc que Leroux use de toute son influence pour l’apaiser ; « … il a beaucoup travaillé, mais mal, et ses études ont plus développé son orgueil que sa sagesse ».

Elle définit plus loin ce qu’elle demande précisément.

« Quand viendra entre vous la question des femmes, dites-lui bien qu’elles n’appartiennent pas à l’homme par droit de force brutale, et qu’on ne raccommode rien en se coupant la gorge… »

Elle peut assurer qu’elle fut toujours sincère avec Mallefille ; elle l’avait aimé de tout son cœur pendant six mois, mais voilà trois mois qu’il n’y a plus d’intimité entre eux et deux mois qu’elle lui a franchement déclaré que tout est fini.

Quant à celui qui viendra chez Leroux avec Mallefille, c’est un homme tout différent. « Je ne vous dirai de Rollinat que ce que je vous ai déjà dit plusieurs fois. C’est un saint et un martyr. Depuis l’âge de vingt ans, il plaide pour le mur mitoyen afin de nourrir et d’élever honorablement père, mère et onze frères et sœurs dont il est l’aîné. Il les a tous menés à bien… Il porte leurs vieilles bottes et leurs vieux habits, afin qu’ils aient bonne façon, tandis que lui peine et va comme un pleutre ! et il n’a pas d’amours, le vertueux garçon. »

George Sand avait mis sous le même pli une petite image coloriée, comme celles qu’on trouve sur des cartonnages, et représentant saint Pierre secouru par le Seigneur, au moment où les vagues vont l’engloutir. C’est à l’occasion de cette petite image que, jouant sur les mots, et faisant allusion au nom de Pierre que porte Leroux, George Sand ajoute :

« Soyez le sauveur de celui qui se noie et le consolateur