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peu d’attraction ; mais c’étaient de vrais frères d’armes, pleins d’estime réciproque et d’admiration mutuelle pour leur talent, chacun saluant les œuvres de l’autre avec le plus vif et le plus bienveillant intérêt. Ils se traitaient d’égal à égal ; jamais il n’y eut entre eux la moindre jalousie de métier, jamais non plus la moindre velléité d’aucun autre sentiment, que celui de bons et francs camarades[1]. Ils se voyaient pourtant assez rarement et finirent même par ne plus se voir du tout, lorsque George Sand rompit avec Sandeau. Mais bientôt ce dernier se montra tout aussi perfide et traître en amitié pour Balzac qu’il l’avait été en amour pour Aurore Dudevant. C’est ainsi que Balzac qui, en 1838, se trouvait non loin de Nohant se souvint de sa promesse d’autan, et vint voir George Sand ; il s’y rendit de Frapesles[2]. Ce qui l’attirait surtout à Nohant, c’était, semble-t-il, son désir de s’entretenir de celui qui fut la cause de leurs relations et qui les avait tous les deux abusés si cruellement et si complètement. La lettre de Balzac à Mme Hanska, décrivant sa visite chez George Sand, lettre dans laquelle nous trouvons de plus un portrait admirable et fort curieux de George Sand, fut publiée et il y a quelques mois dans la Revue de Paris. Balzac y raconte aussi en quelques lignes l’his-

  1. Voir la Correspondance de Honoré de Balzac (1819-1830). Avec portrait et fac-similé. (Œuvres complètes, in-8o. Calmann-Lévy, 1876-1882, vol. XXIV.) Une notice biographique par Mme Laure Surville, née de Balzac, sert d’introduction à ce volume. Nous trouvons dans les pages de Mme Mme Surville, consacrées à son illustre frère, une appréciation très remarquable de George Sand faite par Balzac, et en général beaucoup de détails et d’indications par rapport à l’amitié et à l’estime de Balzac pour George Sand.
  2. George Sand dit à Duvernet dans une lettre inédite du 25 janvier 1838 : « J’attends Balzac. S’il vient chez moi, faut-il te l’amener ? Mallefille te remercie pour l’invitation, mais il part pour Paris et ne reviendra pas avant huit jours. »