Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/53

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résistance plus prolongée. Y avait-il donc si longtemps que George Sand s’était désenchantée de Jules Sandeau, et qu’elle s’était affligée de son entraînement pour Mérimée ? Et la voilà qui se jette en aveugle au-devant d’une nouvelle passion ! En tout cela, il y a bien peu de « froideur », de « retenue » et de « jugement » !

D’où provient donc cette confusion d’idées chez Lindau ? — Il adapte une fiction de roman à des dates et à des faits réels ! Les longs raisonnements de Mlle Thérèse Jacques, héroïne de Elle et Lui, il les met dans la bouche de George Sand. Thérèse, les lecteurs de l’ouvrage s’en souviennent peut-être, a employé tous les moyens pour détourner Laurent de sa manière funeste de passer le temps avec des viveurs et des grisettes, et enfin elle se décide à le sauver par son amour. Dans quelle proportion ceci est-il d’accord avec la réalité, ou imaginé comme une thèse ? C’est là une question de critique purement littéraire, qui ne se rapporte qu’au roman de Elle et Lui. Les faits prouvent que le roman vécu de Musset et de George Sand, ou, du moins, le début de ce roman, ne ressemble en rien au roman de Thérèse et de Laurent. Le roman réel nous frappe par sa spontanéité, par sa précipitation : c’est presque un coup de foudre, tandis que le roman écrit se traîne en longueur, est plutôt froid et gradué. Mais Lindau continue, à mesure qu’il raconte la vie de Musset, à puiser ses renseignements dans le roman de Elle et Lui, et voilà pourquoi nous trouvons dans son livre la page que voici :

« Sous ce rapport les rôles n’ont pas été justement distribués ; c’était la femme qui dirigeait. Musset était déraisonnable, passionné ; George Sand agissait en pleine connaissance de cause et avec calme (?!). Musset était amou-